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Au jardin de la Margot
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Au jardin de la Margot

« Enfant, je vivais chez mes grand-parents face au manoir de Rocheblond. Lorsque commençait la Semaine Sainte, ma grand-mère commençait les préparatifs de Pâques. Dès le jeudi Saint, Grand-mère asticotait mon grand-père pour qu'il ait les pieds propres à la messe du soir pour le lavement des pieds par le curé. Aussi lui préparait-elle une bassine d'eau chaude où trempait une brassée de lierre.
Puis, le lendemain pour le vendredi Saint, mon Grand-père descendait au bief du manoir pêcher quelques poissons pour le dîner maigre. Il y allait avec l'ami Gateau, le maréchal-ferrant-croque-mort, qui demeurait à trois maisons plus loin. Dès potron-minet, le père Gateau arrivait avec sa gaule et sa musette d'où dépassait une bouteille qu'il remplirait au « 20 sans 0 » (jeu de mots! :« Au vin sans eau »...), le café-épicerie devant lequel passait le chemin du lavoir. Là, il prenait son premier canon avant de descendre à l'Anglin pour une journée de pêche avec mon grand-père qui apportait du pain et du fromage dans sa musette.

Pendant ce temps, Grand-mère se rendait au poulailler, non sans se signer d'un rapide signe de croix en passant devant le buis qui en gardait l'entrée. Grand-mère avait un profond respect pour ce buis que Grand-père avait planté définitivement quelques années plus tôt en revenant de la messe des Rameaux. Une foucade, une tocade, un caprice, l'avait poussé à se rendre à la messe des Rameaux avec ce pied de buis dont les racines étaient plus longues que les branches. Le curé le voyant ainsi à l'entrée de l'église avec son pied de buis à bout de bras lui avait bien dit qu'il aurait pu ne prendre qu'une branchette, mais Grand-père avait rétorqué: « Pour sûr, je ne viendrai pas tous les ans avec un rameau de buis qui dépouille ce fichu pied de buis ben lent à grandir. Je préfère que vous le bénissiez une bonne fois pour toutes après quoi je le planterai tout béni pour le restant de ma vie! »

De retour du poulailler, Grand-mère préparait le pâté de Pâques, son succès culinaire chaque année. Tandis que les œufs bouillottaient sur la cuisinière à bois, elle pétrissait sa pâte et hachait menu les viandes de veau et de cochon. J'avais pour mission d'aller chercher des pâquerettes qui abondaient dans les prés voisins pour en faire un petit bouquet qui décorerait le crucifix déjà orné de sa branchette de buis éternellement béni (grâce à Grand-père...) sur le manteau de la cheminée. Lorsque le soleil tombait derrière le Châtelier où travaillaient mes parents, Grand-père revenait avec son panier de pêcheur en bandoulière, panier empli de goujons et tanches qu'il avait la charge de nettoyer et vider dans la bassine de zinc sur la margelle du puits. Heureux de sa journée de pêche bien arrosée avec l'ami Gateau, nous l'entendions chanter des couplets virils, tandis que Grand-mère soupirait d'agacement en murmurant nerveusement: « Euhhhhhhh! Les v'là qui v'nont ! C't'état, un Vendredi saint ! Pour sûr, z'ont ben tazonné avé l'père Gateau à bouér' au «Vin sans eau». C'Gateau, c'est rin qu'un acarnifleux qu'est ben toujours là pour bouér du vin!... » Tout en rouméguant, elle attrapait le grand saladier et y jetait une poignée de pâquerettes et de pissenlits pour la salade du soir qui ferait une bonne purge pour nettoyer le foie du Grand-père avant la grand-messe de Pâques. »

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Les pâquerettes poussent tout le printemps en abondance dans les prés et les champs et surtout au moment de Pâques.
La légende raconte que, lorsque les bergers apportèrent des présents à Jésus, l'un d'eux, très pauvre, lui offrit une pâquerette blanche. Jésus embrassa la fleur et c'est de ce baiser que la pâquerette tient le ton rose qu'elle a au bord de ses pétales.

Autrefois appelée « arnica des plaines », la pâquerette est utilisée en décoction qu'on applique en compresses sur les ecchymoses et les contusions. Les fleurs macérées dans de l'huile servent à soulager et désinfecter les blessures; cette huile de pâquerette soulage aussi l'eczéma et autres inflammations de la peau. Réputée pour ses vertus raffermissantes, l’huile de pâquerette est traditionnellement utilisée depuis des siècles pour détendre les traits du visage et effacer les cernes des yeux fatigués. Les infusions des feuilles et des fleurs nettoient l’organisme en facilitant l’élimination des déchets et font transpirer et baisser la fièvre.

A la cuisine, dès que les pissenlits sortent de concert avec les pâquerettes, on en fait des salades salutaires pour les foies engorgés et les reins douloureux. Quant aux boutons des fleurs non écloses des pâquerettes, on les met à mariner dans un bocal de vinaigre pour servir d'accompagnement aux charcuteries (comme les rillettes du Père Gilbert!) tout comme les câpres ou les cornichons.

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